Simon de Cardaillac est né à Nice en 1932, dans un milieu profondément marqué par l’art et la peinture. Très tôt, il est entouré de figures qui influenceront sa sensibilité, sa mère était proche de Jeannine Guillou, compagne de Nicolas de Staël et ce climat artistique nourrit chez lui une attention précoce à la peinture.
Formé à l’École des Arts Décoratifs de Nice, il s’installe rapidement à Paris. C’est là qu’il fréquente des figures majeures comme Georges Braque et Hans Hartung dont il fut l’assistant et l’ami. Mais Simon de Cardaillac demeure avant tout un peintre solitaire.
Influencé par la pensée de Nietzsche, il conçoit l’art comme une réponse existentielle : non un langage décoratif, mais un acte de fidélité à soi. Dans son atelier, il développe une œuvre dense et exigeante, faite de matériaux bruts et de collages.
En 1956, il participe au Salon des Réalités Nouvelles à Paris, aux côtés de Pierre Alechninsky et Sonia Delaunay. Cette présence le place immédiatement parmi les représentants d’une génération d’artistes en quête de nouveaux langages plastiques. Ses toiles attirent l’attention de collectionneurs américains et intègrent rapidement plusieurs collections prestigieuses : celles de Helena Rubinstein, Charles Bronson ou encore Richard S. Starck. Son travail est montré dans des galeries new-yorkaises et suscite l’intérêt de la critique.
Pourtant, alors que la reconnaissance semble à portée de main, Simon de Cardaillac choisit de se retirer volontairement du marché. Ce retrait, motivé par une exigence éthique et spirituelle, devient le fil conducteur de sa vie d’artiste. En 1988, il confie : « La pudeur de chacun et la discrétion de nos relations me laissent très libre dans mon propre travail. » Fidèle à cette liberté, il s’écarte des circuits marchands sans jamais cesser de créer, poursuivant une œuvre secrète.
Simon de Cardaillac a construit une œuvre rare, d’une cohérence et d’une profondeur exemplaires. Resté à distance du système de l’art, il a préféré l’authenticité du travail solitaire à la visibilité médiatique. Il s’éteint en 2019 à Ivry-sur-Seine, laissant derrière lui un corpus d’une grande force intérieure.