Jean-Éric Fouchault est né en 1939 à Châteaudun et s’installe en 1973 à Laval, en Mayenne, où il développe une œuvre picturale profondément enracinée dans l’intime et le quotidien. Autodidacte, il trace sa voie loin des écoles et des modes, délaissant les circuits officiels pour une recherche patiente, sincère, presque monastique. Il s’éteint en 1995, laissant derrière lui un corpus discret mais d'une intensité rare.
Le premier contact avec les œuvres de Fouchault se fait par la matière. L’épaisseur de la peinture, son relief sculpté à la spatule, est l’empreinte immédiate de son geste. Chaque toile semble façonnée comme un bas-relief pictural : les strates d’huile sont posées avec lenteur, les couleurs se mêlent dans une palette sourde de gris, verts cendrés, bruns profonds et éclats de blancs crayeux.
Dans les paysages, l’artiste ne cherche pas à représenter fidèlement un lieu mais à en traduire l’atmosphère. L’horizon se dérobe souvent sous un ciel fermé, les lignes ondulent, hésitent, comme traversées par la mémoire d’un lieu.
Jean-Éric Fouchault peint aussi des scènes d’intérieurs ou des espaces publics habités par des silhouettes souvent en retrait. Elles sont là sans s’imposer, comme effacées dans le décor.
Ce qui caractérise profondément l’œuvre de Fouchault, c’est sa capacité à faire de la peinture un support de mémoire. Les formes se dissolvent dans l’épaisseur du médium, comme si elles appartenaient déjà au passé. Le regard du spectateur n’est jamais frontal : il est invité à s’approcher, à fouiller la surface, à découvrir peu à peu un détail, une lumière, une silhouette.
Jean-Éric Fouchault est un peintre de la matière, de l’absence et de la présence, de la lumière discrète et du silence habité.
