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Georges Rohner

(1913-2000)

Fouchault dans son atelier

Georges Rohner naît à Paris en juillet 1913, dans une époque où la peinture oscille déjà entre tradition et modernité. Très tôt, il est initié à l’art par son oncle Georges Stugocki, professeur de dessin, qui l’encourage à suivre cette voie. Dès l’adolescence, Rohner abandonne les chemins classiques pour se consacrer à la peinture. En 1929, il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris, où il rejoint l’atelier de Lucien Simon en 1930. Là, il se forme aux côtés de personnalités comme Robert Humblot ou Pierre Tal-Coat, nourrissant sa pratique d’une profonde exigence technique.

Dans les années 1930, alors que les avant-gardes dominent les salons, Rohner s’engage auprès du groupe Forces Nouvelles. Ce mouvement milite pour un retour à la figuration, à la rigueur du dessin, à une peinture qui ne renonce ni à l’émotion ni à l’observation. Fidèle à cette ligne, Rohner s’impose peu à peu comme l’un des représentants majeurs d’un réalisme contemporain à la fois humble et magistral. Son œuvre, résolument tournée vers le figuratif, refuse l’abstraction pure sans jamais sombrer dans l’académisme.

Ses premières années de carrière sont rythmées par les voyages et les rencontres. Il séjourne en Espagne, aux Pays-Bas, puis en Guadeloupe où il effectue son service militaire et réalise une fresque dans la mairie de Basse-Terre. La guerre vient bouleverser cet élan : fait prisonnier à Trèves, il y peint Le Christ aux prisonniers dans la chapelle du Stalag, témoignage poignant de foi et de résistance.

À partir des années 1950, son œuvre prend une ampleur nouvelle. Rohner s’attache à peindre la nature, les corps, les objets du quotidien. Ses natures mortes rayonnent d’une lumière silencieuse, ses nus traduisent une présence grave et posée, ses paysages, forêts, cours d’eau invitent à la contemplation. Chaque toile semble être une méditation sur le temps et la matière. En parallèle, il transmet son savoir : d’abord chargé de cours aux Beaux-Arts de Paris en 1959, il devient professeur à l’École nationale supérieure des arts décoratifs en 1962. Ces années marquent aussi sa reconnaissance institutionnelle. Officier de la Légion d’honneur, membre de l’Académie des Beaux-Arts dès 1968, il occupe le fauteuil d’Ingres, comme un clin d’œil du destin à son attachement à la tradition.

Rohner laisse une œuvre dense, composée de près de 3 000 huiles, aquarelles et dessins. Il expose régulièrement à Paris, au Salon des Indépendants, au Musée d’Art Moderne, au Louvre, mais aussi à l’étranger, New York, Venise, Bruxelles. En 1987, une grande rétrospective lui est consacrée au Musée des Beaux-Arts de Quimper, qui salue la constance d’un regard et la cohérence d’un parcours. Ses œuvres sont aujourd’hui conservées dans de nombreuses collections publiques, parmi lesquelles le Centre Pompidou, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, le Musée du Quai Branly… 

Georges Rohner s’éteint en 2000 à Lannion. Il repose à Locquirec, au bord de cette mer bretonne qu’il aimait tant observer. Son œuvre, discrète et puissante, continue de parler à ceux qui cherchent dans la peinture non pas un éclat passager, mais une vérité durable. Dans un monde souvent gagné par la vitesse, Rohner nous invite à ralentir, à retrouver la beauté des choses simples et essentielles.

Leopold Cottineau et Izabeau Jousse

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