Bernard Jan est né en 1926 à Bouges, dans le Cher, au sein d’une famille d’ascendance bretonne. Après des études à l’École nationale des Beaux-Arts de Nantes, il rejoint l’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique à Paris. Il enseigne d’abord à Nancy avant de s’installer à Nice, où il poursuivra sa carrière et développera son univers artistique. Il s’éteint en 2013 à Aix-en-Provence.
Son travail, initié dès l’après-guerre, fait l’objet de nombreuses expositions en galeries à Nice, Paris, ainsi qu’en Allemagne et en Suisse. Il participe à plusieurs salons majeurs, remportant de nombreux prix, dont le prix Jules Verne à Nantes en 1988.
Une première partie de sa carrière s’oriente vers la création textile, dans la lignée du renouveau impulsé par Jean Lurçat. Ses premières visions abstraites, éclatantes de couleurs, témoignent déjà d’une maîtrise technique épatante.
Plus tard, Bernard Jan trouve son médium de prédilection dans le dessin, qu’il qualifie lui-même de « réalisme fantastique ». Ses œuvres, réalisées à la plume et rehaussées avec une extrême délicatesse d’encres colorées, demandent plusieurs dizaines d’heures de travail pour chaque feuille. Ces compositions foisonnantes, aux architectures vertigineuses, constituent un corpus unique.
En observant ses dessins, on pénètre dans un monde de cités suspendues, de tours racinaires, de falaises sculptées et de vaisseaux de pierre flottant au-dessus d’océans imaginaires. Ces paysages improbables, mi-ruines d’empires oubliés, mi-projections de civilisations futures, rappellent à la fois les caprices architecturaux de Piranèse, les visions nocturnes de Victor Hugo, et les univers prospectifs de Moebius, Druillet ou Schuiten. Les lignes s’enchevêtrent comme des racines ou des nervures, et chaque fragment de ses compositions invite à une lecture infinie.
Dans ces œuvres, Bernard Jan invente un langage plastique où l’organique et le minéral se confondent, où les pleins et les vides construisent des labyrinthes mentaux. Le spectateur, happé par cette profusion de détails et de textures, oscille entre fascination et vertige. Cette écriture graphique, patiente et hallucinée, n’est jamais pure illustration : elle est exploration mentale, architecture de songes.
Malgré une reconnaissance critique et institutionnelle, l’œuvre de Bernard Jan demeure aujourd’hui largement méconnue du grand public. Alors que l’histoire de l’art redécouvre les grands visionnaires, son univers babélien, gothique et minéral mérite une place centrale dans le panthéon des imaginaires.